L’art de se prendre les pieds dans le tapis

par | Mar 17, 2023

Tapis

La quête d’absolu : un piège invisible pour le corps et l’esprit

Il nous arrive à tous de trébucher, de nous sentir ralentis, de tourner en rond sans comprendre pourquoi. Ce sont des sensations que je retrouve fréquemment en cabinet à Lagraulière, lors de mes séances d’ostéopathie axées sur les fascias et les mémoires psycho-émotionnelles.

Derrière ces blocages, une même trame semble se dessiner : une tension profonde vers l’absolu, cette perfection idéalisée que notre esprit cherche à atteindre… dans un monde pourtant fait de contrastes et de polarités.


Quand l’idéal devient source de souffrance

Nous vivons dans un monde relatif. Chaque valeur porte en elle son opposé. Chercher l’absolu, c’est vouloir effacer l’ombre pour ne garder que la lumière. Or, c’est souvent ce refus du contraste qui crée la souffrance.

Par exemple :

  • En voulant être une mère parfaite, on se confronte avec violence à nos propres moments d’impatience ou de doute.
  • En poursuivant la paix absolue, on entre en lutte contre la moindre trace de conflit… et on l’alimente malgré soi.
  • En rêvant de justice pure, on devient hypersensible à la moindre injustice.
  • En voulant vivre dans la lumière, on ne fait que renforcer nos ombres.

Ces oppositions ne sont pas des erreurs. Elles font partie intégrante du vivant, de l’humain, du corps. Les tensions qu’elles créent, je les sens vibrer dans les tissus, les fascias, les organes, à chaque consultation.


Le cancer : une métaphore extrême de cette quête infinie

Dans cette logique du « toujours plus », le corps peut parfois aller jusqu’à s’emballer. Le cancer en est une illustration frappante : une multiplication cellulaire sans fin, sans régulation. Une forme d’immortalité biologique… qui mène paradoxalement à la mort.

Cela peut résonner comme une symbolique forte de notre époque : une fuite vers l’infini — plus de confort, plus d’amour, plus de performance — sans jamais s’arrêter pour simplement ressentir ce qui est.


Et si on cessait de vouloir tout résoudre ?

Je ne vous proposerai pas de recette miracle. Ce serait encore céder à cette tentation de l’absolu.
Accepter chaque polarité ? Oui, peut-être… mais comment accepter ce qui semble inacceptable ?

En réalité, la vie ne se comprend pas toujours. Elle se vit, elle se respire.
Et parfois, elle nous fait trébucher.
C’est souvent dans ces moments-là que nous reconnectons à notre humanité, à notre souffle, à notre corps.


Revenir au corps, au vivant, à l’instant

Dans ma pratique, je vous accompagne à revenir à cet espace neutre, fluide, vivant, où le corps ne juge pas. Les fascias, véritables capteurs de mémoire et de mouvement, nous aident à libérer ce qui s’est figé dans une quête impossible.

Et si tomber devenait une opportunité de contact avec soi ?
Un moment pour relâcher, respirer, et sentir que — même là — tout est encore vivant.